Consulter les NOTAM parait chose aisée aujourd'hui : on se connecte sur internet et hop, en deux temps trois mouvements, tous les messages apparaissent. Tous ?... En êtes-vous bien sûr ?
Petite histoire vraie par une belle journée d’été. Un pilote privé décolle d’un aérodrome de la région lilloise pour se rendre dans l’ouest de la région parisienne. Lors de la préparation de son vol, il consulte les NOTAM (NOtice To AirMen) sur le site du SIA et à sa grande surprise, il n’obtient pour seule réponse qu’un laconique « Il n’existe pas de NOTAM répondant à la demande ». Méfiant au regard de la distance à parcourir (quand même un bon tiers de la France), il modifie sa demande en cliquant sur le lien « Complet » au lieu de « Résumé » mais il n’obtient pas d’autre résultat.
C’est donc en toute confiance qu’il part. Pris d’un doute pendant le vol, il contacte le contrôle militaire d’Evreux. Ce dernier, à la limite de la panique, le prend immédiatement en charge et le fait monter de 200 ft, puis tourner à droite, puis redescendre de 500 ft, tourner à gauche, etc. En fait, nous sommes le 14 juillet et notre pilote s’est retrouvé en plein milieu du dispositif de mise en place du défilé aérien militaire, le tout sensé être protégé par une ZRT !
Comment un pilote à priori expérimenté a-t il pu se retrouver confronté de toute bonne foi à une telle situation ?
Comment un pilote à priori expérimenté a-t il pu se retrouver confronté de toute bonne foi à une telle situation ?
Internet : le nouvel ami du pilote
En France, c’est le SIA (Service d’Information Aéronautique) qui est chargé de la diffusion des NOTAM, AIP, SUP-AIP, etc.
Ces deux services fonctionnent sensiblement de la même façon. Ils se composent tous deux d’un serveur internet sur lequel les messages sont stockés ainsi qu’un moteur de recherche et un
formulaire utilisateur pour les trier et les consulter. C’est au niveau de l’interface du site du SIA que se trouve le piège qui a entrainé notre pilote dans sa mésaventure. Ce piège s’appelle «la route standard».
Plusieurs types de NOTAM...
L’information aéronautique c’est large, complexe et en perpétuel changement.
Une modification provisoire sur un terrain, un moyen de radionavigation en entretien, une fréquence TWR qui change, une Zone Réglementée Temporaire créée à l’occasion d’un meeting et vous obtenez autant de NOTAM aux contenus différents.
On peut dégager deux types de NOTAM : ceux d’aérodrome et ceux de FIR. Ainsi, pour obtenir tous les NOTAM utiles pour votre vol – et rien que ceux-là - il est important de vous rappeler que l’informatique ne peut pas deviner ce dont vous avez besoin.
...donc plusieurs types de requêtes !
S’il y a plusieurs requêtes possibles, c’est bien parce qu’il y a plusieurs types de vol.
Cela va de la séance de tours de piste sur son terrain au petit vol local, de la petite navigation du dimanche tellement connue qu’on la ferait les yeux fermés à la
grosse navigation longue distance qu’on ne fait qu’une fois l’an...
Les deux sites ont donc prévu plusieurs types de requêtes pour trier les NOTAM (voir fig. 1).
Les deux sites ont donc prévu plusieurs types de requêtes pour trier les NOTAM (voir fig. 1).
Les NOTAM d’aérodrome.
Le bulletin d’aérodrome vous permet d’afficher les NOTAM d’un ou de plusieurs terrains que vous aurez indiqués… et c’est tout !
Pour mieux vous rendre compte de la faible portée de ce type de bulletin, voici la protection qu’il apporte (en vert) à un pilote « lambda » qui commettrait l’erreur
de ne prendre que les NOTAM d’aérodrome pour aller d’un terrain A à un terrain B avec un dégagement prévu à C (voir fig. 2) :
Ce pilote dispose d’informations à jour ne concernant que les abords immédiats du terrain (infrastructures, circulation d’aérodrome, etc.). Les volumes ainsi protégés sont représentés par les cercles verts qui entourent les terrains.
Bien entendu, il ignore qu’il va
Bien entendu, il ignore qu’il va
traverser une ZRT (en rouge sur le schéma) entre les terrains A et B, ou bien que le VOR de machin-truc est en entretien, ou bien encore que un autre terrain de dégagement est actuellement fermé pour travaux. La liste des futurs ennuis qu’il risque n’est pas exhaustive.
Les NOTAM de FIR.
Comme leur nom l’indique sans doute, ils concernent tout ce qui ne touche pas directement un aérodrome : un moyen de radionavigation en route, une zone ou une portion d’espace aérien, un obstacle dans la nature, etc.
Quand vous demandez les NOTAM d’une FIR, attendez-vous à devoir faire le tri parmi au moins une bonne centaine de messages dont les trois quarts ne vont même pas vous concerner. Si par exemple vous prévoyez d’aller du Havre à Orléans-St-Denis (trait rouge sur
la fig. 3), vous recevrez aussi bien des NOTAM concernant un parachutage dans les zones d’Orléans que ceux décrivant un nouvel obstacle du coté de Lille, à plusieurs centaines de kilomètres de votre route. Attention : trop d’infos tue l’info.
La route standard (la méchante).
C’est sa conception particulière qui a piégé notre pilote du 14 juillet bien malgré lui.
Contrairement à ce que son appellation pourrait laisser croire, la route standard n’est pas l'opposée d'une route étroite, à priori large donc. Ce n'est qu’une requête permettant d’obtenir en même temps les NOTAM d’aérodrome et ceux de FIR... Ceux que vous aurez demandés en tous cas. Si vous n’indiquez que l’aérodrome de départ et celui d’arrivée, vous
n’obtiendrez en réponse que les NOTAM de ces deux terrains. Si ce jour là, il n’y en a pas, vous aussi vous recevrez le laconique « Il n’existe pas de NOTAM répondant à la demande ». Alors à quoi elle sert cette « route standard »?... Bonne question. D’ailleurs vous aurez sûrement remarqué qu’Olivia ne dispose pas de cette option. Ce n’est peut-être pas plus mal.
La route étroite (la gentille).
La route étroite est une sorte de moteur de recherche qui va vous calculer un volume de protection tout autour de votre route.
Vous pouvez spécifier depuis quel terrain ce volume commence, où il se termine, sa largeur, son plancher, son plafond, par où votre route passe - des terrains, des points de report IFR ou des balises de radionavigation peuvent être utilisés comme points tournants.
Le formulaire est un peu différent entre le site du SIA (fig. 4) et celui d’OLIVIA, mais l’idée générale
Le formulaire est un peu différent entre le site du SIA (fig. 4) et celui d’OLIVIA, mais l’idée générale
reste la même. Par exemple, les aérodromes survolés sont systématiquement cochés sur l’un, sur l’autre non ; l’un parle de largeur du couloir, l’autre de demi-largeur... Pas bien méchant mais cela explique pourquoi vous n’obtenez pas le même nombre de NOTAM alors que vous décrivez la même route sur les deux sites.
Retournons voir notre pilote lambda de tout-à l’heure, vous vous souvenez ? Celui qui va de A à B en dégageant à C. Le schéma suivant (voir fig. 5) vous permet de constater l’étendu de la zone de couverture dont il bénéficie désormais grâce à la route étroite. Cette fois, c’est toute la route qui est protégée (zone verte) et la ZRT
apparaît. Il va pouvoir prendre ses dispositions soit pour la traverser, soit pour la contourner.
Autre avantage de la route étroite : sa sobriété. Contrairement au bulletin de FIR ou à la route standard, vous ne serez pas noyé sous 150 messages à lire. Seuls ceux impliqués par votre route vous seront fournis.
Autre avantage de la route étroite : sa sobriété. Contrairement au bulletin de FIR ou à la route standard, vous ne serez pas noyé sous 150 messages à lire. Seuls ceux impliqués par votre route vous seront fournis.
L'AIP et les Sup-AIP
Avant de voir ce que sont les Suppléments à l’AIP, un petit rappel de ce qu’est l’AIP (Aeronautical Information Publication) pourrait être utile.
C’est tout simplement le recueil de l’ensemble des informations à destination des pilotes : cartes d’approche à vue (VAC), aux instruments (IAC), d’arrivée et de
départ, cartes des TMA, CTR et AWY, etc. Il est disponible dans son intégralité sur le site du SIA (voir fig. 6).
Tout comme les NOTAM, les Suppléments à l’AIP sont là pour décrire des modifications : soit parce qu’elles sont provisoires, soit en attendant la mise à jour de l’AIP. La grosse différence par rapport aux NOTAM, c’est que vous y trouverez des cartes détaillées alors que les NOTAM ne sont que des messages écrits.
La plupart du temps, la publication d’un Sup-AIP s’accompagne de
La plupart du temps, la publication d’un Sup-AIP s’accompagne de
celle de NOTAM pour la FIR et les terrains concernés, mais pas toujours. Soyez vigilants. Ce fut d’ailleurs le cas pour notre malheureux pilote du 14 juillet : bien que la ZRT s’arrêtait à moins de 3 NM de son terrain de destination, personne n’avait cru bon d’y publier un NOTAM ! Par contre, il y avait bien un NOTAM de FIR.
En conclusion
Il n'existe pas un seul vol qui n’ait été concerné par une modification de l’environnement aéronautique dans lequel il s’est déroulé : changement d’horaires, de circuit de piste, de fréquence voire d’espace, etc.
Aussi ne partez jamais en vol sans avoir consulté les Sup-AIP et les NOTAM. Cela prend moins de 5 minutes et vous vous épargnerez une grosse chaleur là-haut.
Pour optimiser votre recherche de NOTAM sur internet, consultez le bulletin d’aérodrome uniquement si vous envisagez de rester dans la circulation de votre terrain de départ (quoiqu’un déroutement reste
Pour optimiser votre recherche de NOTAM sur internet, consultez le bulletin d’aérodrome uniquement si vous envisagez de rester dans la circulation de votre terrain de départ (quoiqu’un déroutement reste
toujours possible et doit être systématiquement prévu). Dés lors que vous voulez faire ne serait-ce qu’un vol local – et à plus forte raison une navigation – utilisez le bulletin de route étroite. Quant à la route standard, ce n’est pas une route « large », même si le fait qu’elle soit proposée en parallèle de la route étroite puisse faire croire le contraire.
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